Le douzième coup de minuit résonne encore dans ma tête comme un lointain écho du soir d’avant. Ouvrir mes paupières relève de l’exploit, mais quelque chose me tire du lit ; c’est l’envie d’écrire. Pas sur un jeu en particulier ou sur une série, plus sur un sentiment. On parle souvent du jeu vidéo comme d’un simple divertissement – vous me direz, quand ça s’appelle « jeu », c’est difficile de pas le voir comme ça – mais on ne pense pas forcément à tout ce qu’un jeu peut nous faire ressentir. Et je peux vous dire qu’à ce niveau-là, on reçoit parfois de bonnes grosses claques bien bruyantes.
Je prends donc dix minutes, muni d’un café salvateur, pour vous parler un peu de mon humble expérience de gamer et de ce que j’ai observé ou ressenti durant mon aventure vidéoludique. Alors empoignez une douce boisson chaude, mettez votre plus beau training et discutons un peu, voulez-vous ?
Comme au cinéma
Il est clair que tous les jeux n’ont pas forcément le pouvoir ou la volonté de nous émouvoir, mais il y en a certains qui le font et le font bien. Mais qu’est-ce qui nous touche ainsi ? Par quel moyen arrivent-ils à nous prendre aux tripes ? Pour commencer, j’accuserais l’aspect cinématographique grandissant qui se retrouve dans nombre de jeux actuels. Les cutscenes, de plus en plus présentes, amènent énormément de profondeur et de rythme aux histoires. Ces phases non-jouables (quoique…) offrent énormément de possibilités en termes de scénographie et de travail de l’image. Virevolter à travers une gigantesque bataille spatiale, s’étourdir face un immense environnement, de quoi émerveiller nos petites mirettes. Mais un jeu a-t-il obligatoirement besoin de scènes coupées magnifiquement détaillées pour nous émouvoir ? Certes non !

Comme au théâtre
Ce qui fait aussi la force d’un grand jeu, c’est sa mise en scène, son scénario et le choix de ses dialogues. Bien raconter une histoire est une tâche souvent plus ardue que de l’inventer. Il ne suffit pas de nous balancer des événements les uns après les autres. Non, il faut un peu de magie, il faut trouver la bonne manière de dire et de faire. Il est clair que nous sommes toujours dans des considérations qui peuvent s’appliquer au cinéma, mais je pense que la différence fondamentale entre ces deux domaines, c’est qu’au cinéma on voit une histoire, tandis que dans un jeu vidéo, on vit une histoire. Ce que j’entends par là – non pas qu’on ne puisse vivre un film autant qu’un jeu – c’est le fait qu’incarner réellement un personnage, être maître de ses actions, est une manière complètement différente de ressentir les choses. Mais il y a aussi l’écriture qui compte. Je pense aux dialogues de jeux tels que Mass Effect, Xenoblade Chronicles ou Portal, rédigés et déclamés de manière absolument géniale, qui réellement m’ont donné des frissons et qui participent à créer un ensemble extrêmement profond et touchant.

Comme à l’opéra
Le troisième et dernier élément, à mon sens le plus à même de provoquer chez nous un sentiment, c’est la musique. En effet, la musique a la particularité d’être immédiatement ressentie. Plus que les images, plus que les dialogues, elle parvient à toucher, dans certaines situations, des cordes parfois très sensibles, même les plus enfouies. Que serait un film ou un jeu sans musique ? Un projet expérimental ? Probablement oui, mais rien ne vaut une fantastique fresque pour accompagner notre aventure. La musique, c’est un peu l’agent chimique X du jeu vidéo, c’est ce qui lui donne du corps, ce qui pose les ambiances, ce qui nous permet d’entrer dans un monde différent. La musique, c’est ce qui nous fait instantanément ressentir la peur, la tristesse, la joie. Et je ne sais pas vous, mais je retourne souvent écouter des morceaux qui m’ont marqué, parce que liés à des scènes très précises. Peut-être suis-je un peu trop fleur bleue !
Comme à la maison
Ainsi, c’est le fin assemblage de ces divers éléments qui va provoquer chez nous ces différentes émotions. C’est ce qui m’a permis de rire et de pleurer devant des jeux vidéo. C’est ce qui m’a permis de m’investir réellement et émotionnellement dans des aventures plus que formidables. C’est ce qui m’a donné envie de rejouer, d’analyser, d’écrire sur le jeu vidéo et c’est ce qui m’a poussé à rédiger ce petit bout d’article. Alors maintenant que le fond de ma tasse de café a refroidi et que le temps s’est ensoleillé, je vais mettre un point final à ma petite ode aux beaux jeux, si j’ose l’appeler ainsi. En tout cas, ce fut un plaisir de vous voir et de passer un moment avec vous. A bientôt, j’espère !
Keelah se’lai